La storia è scritta dai vincitori- Articles sur la question méridionale

Titolo : La storia è scritta dai vincitori. Articles sur la question méridionale.Italia

L’objet de cette série d’articles est d’éclairer les passionnés d’Italie sur ce qui demeure aujourd’hui un véritable cancer de l’Italie contemporaine : la question méridionale, sujette à tant d’interrogations politiques mais dont l’origine est trop souvent méconnue. Aux racines historiques de tels écarts (500-XIXème siècle- article 1), il faut y ajouter une vision historique plus impartiale de l’unité italienne (article 2 (le XIXème siècle et le Risorgimento)) car l’Histoire est trop souvent écrite par les vainqueurs… Et bien sûr, nous terminerons cette série d’articles par une vision plus contemporaine de tels écarts qui ne sont plus des forces pour l’Italie mais bel et bien des faiblesses difficilement surmontables. (article 3 (1860-2015))

Article 1 : Aux origines des différences Nord/ Sud

L’Italie, une « notion géographique » ? Façon bien classique d’ironiser sur ce qu’est l’Italie avant l’unité… Pourtant, Metternich n’a pas tout à fait tort. L’Italie a-t-elle existé avant l’unité italienne de 1860 ? Avant l’ère romaine, on a coutume de parler de peuples italiques : aurait-on trouvé une définition biologique à la nation italienne ? Loin de là car à ces populations s’ajoutent des populations non indo-européennes tels les Étrusques (probablement venus d’Asie mineure), des grecs au sud et surtout en Sicile. L’Italie est morcelée en petites cités rivales ! Même l’Étrurie ne constitue pas un royaume au contour bien défini. La péninsule, terre de migrations ? La mythologie rencontre parfois les études génétiques. Il est assez probable que certains peuples italiques soient originaires d’Asie mineure : étrusques ? latins ? Quoiqu’il en soit, les romains, lorsqu’ils chercheront à se construire une glorieuse fondation, firent remonter leurs racines jusqu’à la fameuse cité troyenne, qui se trouvait justement sur les rivages de l’Asie mineure. Même sous l’empire romain, les peuples de la péninsule ne reçurent la citoyenneté romaine qu’au début du Ier siècle avant Jésus-Christ, seulement quelques années avant qu’elle ne soit étendue à tout l’empire.

Avec l’effondrement de l’empire romain d’Occident vont se profiler les premières racines d’un morcellement de la péninsule. Les lombards constituent un grand royaume qui unit le nord de l’Italie au sud de l’Italie ! La couronne de fer est née ! Mais la région qui deviendra les Etats Pontificaux reste indépendante de toute domination barbare. De même, de nombreuses cités méridionales restent des avant-postes byzantins (Amalfi, qui saura en profiter pour devenir une puissante république maritime, pour ne citer qu’elle). Avec le temps, le royaume se disloque et apparaissent les premiers duchés indépendants dans le sud de la péninsule. Les régions méridionales et septentrionales italiennes se distinguent déjà par un héritage différent, et des ères civilisationnelles différentes.

Cependant, la véritable rupture se produit au début du premier millénaire. Une poignée d’aventureux normands s’installe progressivement dans le sud de l’Italie, acquérant baronnies et duchés au gré de leurs alliances avantageuses avec les Byzantins ou les Lombards, éternels rivaux dans le Haut Moyen-âge. Mais c’est leur guerre contre les arabes installés en Sicile qui portera un coup décisif à l’histoire de la péninsule. En effet, les Normands réalisent l’exploit de créer le premier royaume méridional, joignant la Sicile au sud de la péninsule ! Les futurs royaumes de Sicile et de Naples sont nés et ils perdureront presque 1000 ans !

Avec cette nouvelle solide structure politique, le sud de l’Italie devient un royaume incontournable de la chrétienté occidentale. Les dynasties européennes s’en disputeront le contrôle ! et les Normands réaliseront une merveilleuse synthèse de l’Orient et de l’Occident ; qui restera dans les gènes de la civilisation méridionale. Surtout, le Nord se morcèle : des Cités-Etats apparaissent, intégrant souvent une bourgeoisie ascendante à la noblesse, créant une élite entrepreneuse dès le XIIIème siècle. C’est l’ère des fameuses Communes et plus tard de l’Humanisme civique. Le Sud s’enfonce dans la féodalité, de par sa structure unitaire qui ne laisse pas de place à la bourgeoisie et qui ne repose que sur le travail de la terre encadrée par une noblesse florissante mais assez inerte.

Pendant toute l’histoire du premier millénaire, les écarts se creusent mais pas dans le sens auquel on pourrait s’attendre. Les villes du Nord ont perdu de leur prestige d’antan ; nombre d’entre elles ont perdu leur chère indépendance au profit de duchés et de principautés élargies et sous la tutelle d’un d’une famille autocrate. L’industrie du textile décline et le monde rural reprend l’ascendant sur le faste citadin, avec ses hiérarchies sociales trop connues. Loin d’être moins agraire, le royaume de Naples n’en demeure pas moins un phare des Lumières. Naples est la deuxième ville la plus peuplée d’Europe au début du XIXème siècle : capitale d’un royaume passé sous la domination des Bourbons où hommes de lettre, penseurs, compositeurs fleurissent : Naples, pour beaucoup de grands voyageurs comme Montesquieu est un royaume où la légèreté aristocratique se mêlent à une effervescence intellectuelle rayonnant à travers l’Europe entière ! Mais des forces centrifuges s’abattent sur l’Europe : la révolution française est en marche !

Avec elle, l’aristocratie méridionale, surtout napolitaine, profite de la déstabilisation politique de la péninsule causée par les troupes de Championnet et Napoléon ensuite pour renverser la monarchie et fonder la République parthénopéenne. Le fait peut sembler anodin mais il est absolument crucial. A son retour sur le trône, aidé par les anglais et les masses paysannes très royalistes, le roi Ferdinand décapite l’élite méridionale. Dominique Fernandez, amoureux de l’Italie, note que cet épisode de répression sanglante s’imprime comme une hémorragie qui enfonce Naples et le tout nouveau royaume des Deux-Siciles dans l’absolutisme dont elle ne sortira pas, malgré quelques insurrections constitutionnelles pendant le XIXème siècle.

L’Italie entre toute entière dans un siècle d’absolutisme et d’une restauration nourrie par la haine partagée des Français. La France, c’est alors les réquisitions forcées et surtout la conscription obligatoire ! La guerre n’est plus l’affaire de la noblesse… Le XIXème siècle est particulièrement passionnant dans l’histoire italienne. Nous nous y attarderons dans un second article.

En attendant, il faut retenir que l’écart nord/sud observé aujourd’hui n’est pas que le résultat d’erreurs politiques de la période unitaire, l’Histoire nous permet d’identifier déjà des trajectoires civilisationnelles puis politiques relativement différentes ! Chose amusante, l’écart est tel en 1860 que les Piémontais n’envisageaient pas d’intégrer le royaume des Deux-Siciles au royaume d’Italie. Mais la fougue et l’ardeur d’un Garibaldi auront raison de leur craintes et à tort peut être précipitera une véritable et brutale annexion du Royaume des Deux-Siciles. L’Histoire du royaume d’Italie commencerait déjà sur un coup fortuit de l’Histoire !

Pour les passionnés d’Histoire italienne, voir les ouvrages très complets de Giuliano Procacci Histoire des Italiens (dont le titre même suscite déjà beaucoup d’intérêt) et celui Catherine Brice Histoire de l’Italie.

Paul-Angelo dell’Isola

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